Cocorico

15 André Leleux, Éplénures du timps, el jour i fait son tour, Copeaux du temps, du matin au soir. André Leleux au mieux de sa forme. Une poésie du quotidien ? Bien sûr que oui. Et même du quotidien le plus quotidien, de l’instantané, si vous préférez. Mais à condition, comme disait Goethe, de dire à l’instant qui passe : arrête-toi, tu es si beau. Et nous voilà, comme des gamins au carrousel, à sauter sur nos talons pour essayer d’atteindre la floche, et pour un tour gratuit. C’est tellement meilleur, quand c’est gratuit… Et justement, chez lui, tout est gratuit, sans rien qui pèse ou qui pose. Entendezle plutôt, un de ces bleus matins où le monde vint au monde : au premier jour/ j’aveos onsse rèfes / à c’ matin / i m’in reste foque ein // je n’ sais même pus ch’ést l’ tcheu / j’ cache alfeos après li //lés eautes / dù qu’is seont inveos / dins lés tourmints du vint ? le premier jour / j’avais onze rêves / ce matin / il ne m’en reste qu’un // je ne sais même plus lequel / je le cherche parfois // les autres / se sont enfuis où / dans les tourments du vent ? Ou je me trompe fort, ou nous voilà embarqués dans une belle chantepleure. L’incorrigible gamin qu’il est adore LIVRES NOUVEAUX EN WALLON Une chronique de Joseph Bodson vous mener en bateau, et puis vous laisser languir au milieu de l’étang… sérieux ou pas sérieux ? Il y a aussi en lui l’homme vieillissant, qui sourit, d’un demi-sourire, mais qui n’en pense pas moins. j’ai fait ein pas déhors / foque un pas / dùsque j’alleos acore ? // ein horizeon s’inqueurt padvant mi / l’eaute padrire i s’ délaminte / à quand m’ main su s’n épaule j’ai fait un pas dehors / juste un pas / où allais-je encore ? / un horizon me précède / l’autre derrière se désespère à quand ma main sur son épaule Et ceci, qui suit, qui a le plein goût de l’enfance : au leong de l’ pichinte à mareautes / j’ai croqué treos grosèles / el goût de m’n infance // ej vas ainsin / roste au mitan dés meots / qu’is parlte beau pou qu’in lés dit au long du sentier des maraudes / j’ai croqué trois groseilles / le goût de mon enfance // et je vais ainsi / ivre au milieu des mots / qui plaident pour qu’on les dise. André Leleux n’invente rien. Lamartine l’avait déjà dit : Objets inanimés, avezvous donc une âme ? Mais Alphonse, pour le dire, il a mis son costume des dimanches. André, il sort sur son seuil, en salopette, avant d’apostropher ses rêves, l’horizon, les groseilliers, les tourmentes du vent. Mais c’est toujours du même tonneau. Les poètes, comme

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