7 Mès binokes (bésicles)... A !.. Asteûre, i fåt a quî s' kihène, Ossi bin feume qui ome, dès bèrikes so l' narène. Nin vèy pus foû d' sès-oûy qu'on marcou... di s' grognon, È-st-ine grande quålité po lès djins di bon ton. Par måleûr, mi, dj' veû clér, èt c'èst çou qui m' toûrmète. Mins dj'a tot l' minme atch'té dès binokes qui dj' va mète. Seûl'mint, i-n-a çou-chal : qwand c'èst qu' djèls-a mètou, Dj'a l'aîr pus come i fåt, mins dj' veû tél'mint bablou Qui dji m' trèbouhe so tot ; çoula n'èst nin comôde, Mins qu'èst-ce qui çoula faît, dè moumint qu'on sût l' môde ? (Acte III, scène 11, vers 916 à 925). Après diverses péripéties, il croit que le roi (à qui Matrognård avait envoyé sa demande de décoration) vient en personne le visiter. Il en tombe en pâmoison et on appelle Mitchî, le poseur de ventouses, pour le soigner. Puis vient le coup de théâtre : il n'a pas gagné le gros lot. Il a été victime de l'imprimeur Bièt'mé, rival amoureux qu'il avait rudoyé. Bièt'mé avait maquillé le journal pour que Tåtî se croie le gagnant. Celui-ci envisage un instant de devenir malhonnête puis, rentrant dans le droit chemin, il reprend son ancien métier. Cette comédie-Vaudeville en 3 actes et en vers eut un énorme retentissement dans les provinces wallonnes ainsi qu'à Bruxelles. « Promenée triomphalement de Stavelot à Tournai et de Waterloo à Saint-Hubert, jouée à Bruxelles, à Anvers et même à Paris, traduite en namurois (dès 1888 puis en 1908 par A. Robert), en parler d'Ath (1889), de Nivelles (1893), de Quenast, de Charleroi, l'œuvre de Remouchamps souleva dans nos régions une vague théâtrale dont chiffres et dates évoquent imparfaitement l'ampleur. » (Daniel Droixhe). Bien sûr Tåtî nous fait penser au Monsieur Jourdain de Molière. Dans la pièce également, la cupidité pousse les personnages à feindre leurs sentiments avec cynisme en fonction des retournements de situation. Par ailleurs, on trouve dans Tåtî nombre d'expressions qui seront intégrées dans le « Dictionnaires des Spots ou Proverbes wallons » de Joseph Dejardin, version de 1891. La pièce comporte 1149 vers ; à part les 8 airs chantés, elle est écrite en alexandrins, aussi bien pour le wallon que pour le français « kipité ». Il y eut de nombreuses éditions. Jean Haust publia la version de référence en 1934, dans la collection « Nos Dialectes ». Elle comprend, outre le texte, une introduction, les airs notés par Joseph Duysenx, un commentaire, un glossaire ainsi que 6 illustrations. Maurice Piron a ménagé une place à la pièce dans son « Anthologie de la littérature wallonne » de 1979, bien qu'il en exclue, écrit-il, les dramaturges (pp. 214-218). B L
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